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Le 45 tours vinyle

Jean Ferrat – La Montagne (1964)

Jean Ferrat – La Montagne (1964)

Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie,
Loin de la terre où ils sont nés

Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets, du formica et du ciné

Les vieux, ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal,
D'un revers de manche les lèvres


Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant, que la montagne est belle,
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles,
Que l'automne vient d'arriver ?

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline

Qu'importent les jours, les années
Ils avaient tous l'âme bien née,
Noueuse comme un pied de vigne


Les vignes, elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré,
C'était une horrible piquette


Mais il faisait des centenaires
À ne plus savoir qu'en faire,
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant, que la montagne est belle,
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles,
Que l'automne vient d'arriver ?

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non,
Et sans vacances, et sans sorties

Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie


Leur vie, ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne

Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son HLM,
Manger du poulet aux hormones

Pourtant, que la montagne est belle,
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles,
Que l'automne vient d'arriver ?

Présentation graphique : Ludovic PICAVET

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